"Une personne qualifiée a un rôle de relais"

lenord.fr : Quel est votre parcours professionnel ?

Robert Hidocq : J'ai fait toute ma carrière à la Poste, où je suis entré en 1968, et je suis parti à la retraite en 2009.

Rien à voir avec le social ou le médico-social...

En effet. Mais, peu après mon départ en retraite, ma mère et mon père ont été placés, successivement, dans un Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), à Wasquehal, à proximité de mon domicile. J'y suis allé tous les jours. Par ailleurs, pendant un an j'ai présidé le conseil de vie sociale de l'établissement.

En quoi cela consiste-t-il ?

Le conseil de vie sociale d'un EHPAD, c'est un peu comme un conseil de classe dans un établissement scolaire... En tant que représentant des résidents, j'assistais, avec la direction et les représentants du personnel, à des réunions pendant lesquelles on passait en revue les questions d'actualité concernant l'EHPAD : hygiène, nourriture, soins, sorties, organisation...

Quelle expérience en avez-vous retirée ?

Je me suis rendu compte que les usagers n'ont pas toujours les moyens de s'exprimer, pour des raisons d'âge, de maladie, d'autonomie. Et que c'était bien de pouvoir traduire, à un autre niveau, ce qui était dit par les résidents.

“Quand on est extérieur à un établissement,
dans une position de neutralité,
c'est plus facile de prendre du recul
et de débloquer les situations.”

Comment êtes-vous devenu une personne qualifiée ?

Mes parents sont décédés. Le directeur de l'EHPAD m'a parlé de la fonction et m'en a transmis la définition au moment où le Département et l'Agence régionale de santé renouvelaient la liste des personnes qualifiées. Nous sommes treize dans le Nord.

Comment définissez-vous le rôle d'une personne qualifiée ?

Je dirais que c'est un rôle de relais. La personne qualifiée aide les usagers à traduire leurs attentes, leurs interrogations auprès des établissements sociaux et médico-sociaux (EHPAD, maison de retraite, maison d'enfants, structure d'accueil des personnes en situation de handicap...).

Il n'est pas question du médical et du para-médical : on reste dans la défense des droits des usagers, par exemple sur le respect de la dignité et de la vie privée, sur le libre choix entre les prestations, sur l'accès à l'information, etc. Je n'ai pas de pouvoir d'injonction ni de contrôle.

Je suis un "facilitateur", qui restaure le dialogue entre l'usager et la structure. Quand on est extérieur à un établissement, dans une position de neutralité, c'est plus facile de prendre du recul et de débloquer les situations.

Comment saisit-on une personne qualifiée ?

Les personnes qualifiées interviennent gratuitement et bénévolement sur simple demande de l'usager, de son représentant légal ou de l'institution. Le secteur qui m'a été attribué est celui de l'arrondissement de Douai.

Par exemple, un résident d'un EHPAD près de Douai m'a contacté parce qu'il ne pouvait pas se connecter à Internet, il n'y avait pas de prise dans son logement ni de wifi et il ne disposait que de l'Intranet. J'ai relayé sa demande auprès de la direction de l'établissement.

Propos recueillis par Antoine Platteel